L’ennui chez le tout-petit

26 août 2022 | Pédagogie

En tant qu’adultes, notre vie est souvent rythmée par l’adage « chaque minute compte » ! L’ennui pourrait alors être vu, par certains, comme une perte de temps.

Alors comment réagir quand un tout-petit semble s’ennuyer ? On aurait parfois tendance à vouloir donner à l’enfant de quoi s’occuper, au risque même de le sur-stimuler, alors que pourtant, l’ennui peut avoir des bénéfices insoupçonnés…

 

  • LES BÉNÉFICES DE « L’ENNUI » CHEZ LE TOUT-PETIT

L’ennui a plutôt tendance à être dévalorisé de nos jours : on l’associe souvent à une forme de paresse, à une forme de lassitude… On peut alors avoir tendance à combler ce « vide » en proposant des journées bien remplies aux jeunes enfants.

Pourtant, il faut savoir qu’autoriser l’enfant à avoir des moments « à ne rien faire » (ce que les adultes pourraient qualifier « d’ennui ») est une vraie opportunité pour lui. Cela lui permet notamment d’avoir du temps pour rêver et pour développer tout son imaginaire !

L’enfant peut se créer tout un tas d’histoires rien qu’en observant la machine à laver tourner par exemple, ou encore la goutte de pluie qui coule le long de la vitre, des fourmis dans le jardin qui avancent en file indienne… et tous ces instants sont vraiment précieux !

Le jeune enfant est en pleine découverte du monde qui l’entoure. Même s’il n’est pas physiquement « actif », il y a fort à parier qu’il le soit psychiquement ! En effet, dans ces moments, l’enfant va notamment développer ses capacités d’observation, son imaginaire, sa créativité, sa mémoire… Nous n’imaginons pas qu’il y a, à cet instant, des milliers de connexions qui se font entre les neurones, dans le cerveau du tout-petit. Ces temps sont donc indispensables au bon développement du jeune enfant et sont à mettre davantage en avant, en contraste avec notre société où tout va de plus en plus vite.

Ces temps de « pause » dans la journée vont également être nécessaires pour faire en sorte de ne pas sur-stimuler l’enfant. Cela va alors, au contraire, renforcer sa capacité à se concentrer dans des moments qui le nécessiteront parce que, justement, le jeune enfant n’aura pas été constamment sollicité, tout au long de la journée. En accordant ces temps à l’enfant, nous observons aussi que les enfants se montrent moins fatigués, moins énervés.

Dans ces moments où on laisse l’enfant « s’ennuyer », le jeune enfant apprend aussi à être seul et à y trouver de la satisfaction. Il développe ainsi son autonomie et sa confiance en soi. Il va alors pouvoir, de lui-même, profiter de ces temps pour s’adonner aux activités qu’il aime faire, faire ses choix en fonction de ses envies, de ses goûts… L’adulte reste évidemment toujours disponible pour le jeune enfant, et c’est justement la présence bienveillante et rassurante de l’adulte qui va permettre à l’enfant de pouvoir rêver en toute liberté et en toute sérénité !

 

  • COMMENT FAVORISER LES TEMPS DE PAUSE POUR L’ENFANT ?

Voici ci-dessous quelques petits conseils pour favoriser les temps de pause pour l’enfant et ainsi lui offrir des occasions de « s’ennuyer » !

Tout d’abord, il va être important de laisser à l’enfant du temps dans sa journée pour jouer librement. Les temps de jeux libres, à l’inverse des temps d’activités dirigées, vont permettre à l’enfant de s’en saisir comme il le souhaite : il peut choisir de jouer, choisir d’observer, choisir de se reposer… Dans ces cas-là, des jeux sont mis à disposition des enfants, à leur portée, pour leur permettre de s’en saisir au gré de leurs envies, sans avoir besoin de solliciter les adultes.

Les temps de jeux à l’extérieur sont également à favoriser ! En effet, La nature a tant à offrir aux jeunes enfants en terme d’exploration, d’imagination et d’observation. Que ce soit une feuille qui vole, un oiseau qui passe, la sirène des pompiers qu’on entend au loin… il suffit d’ouvrir grands nos yeux et nos oreilles pour éveiller la curiosité des jeunes enfants et se mettre à rêver ! Il n’y a donc pas forcément besoin de faire une activité : contempler ce que l’environnement nous propose, et s’attarder à ce que l’on a envie d’en capter, suffit largement à combler le temps qui passe…

 

 

 

Attention, les temps devant les écrans ne doivent pas être considérés comme des temps de « pause » ! Au contraire, il est plutôt conseillé d’éviter les temps d’écran pour le tout-petit car ces derniers ne vont pas favoriser les interactions sociales ni même la créativité de l’enfant. Devant les écrans, les enfants développent plutôt une attitude passive, ce qui ne leur permet pas de développer leurs capacités et ce qui va donc à l’encontre de ce que l’on souhaite pour eux.

En tant qu’adultes, et fort de toutes ces connaissances, nous devons également être attentifs à ne pas interrompre un enfant qui serait plongé dans son monde imaginaire, lors de ces temps de « pause », sous prétexte qu’il semble « s’ennuyer » de notre point de vue. En effet, cela viendrait, au contraire, casser tout son élan de créativité !

Peut-on alors véritablement parler « d’ennui » pour le jeune enfant, en sachant tout ce qu’il se passe pour lui durant ces temps de « pause » ? Et puis, « s’ennuyer », c’est aussi prendre du temps pour soi, enfant comme adulte, et c’est alors une formidable occasion de se ressourcer et se recentrer sur soi. Nous aurions alors bien tort de nous en priver et nous devrions, au contraire, tâcher de la mettre en avant plus souvent tant les bénéfices peuvent être nombreux !

Delphine DESGARCEAUX – EJE – Coordinatrice Pédagogique Pim Pam Pomme

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