L’acquisition de la propreté

18 juillet 2022 | Pédagogie

À l’approche de la première rentrée scolaire, la question de la propreté devient souvent un sujet de préoccupation pour les familles, avec l’angoisse que leur enfant ne soit pas « propre » pour aller à l’école.

En tant que professionnels petite enfance, nous avons alors une place importante à jouer : celle d’accompagner à la fois les familles dans cette période délicate tout en soutenant également, avec bienveillance, l’enfant dans cette nouvelle acquisition.

  • RESPECTER LE RYTHME ET LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT

Auparavant, nous entendions parler « d’apprentissage » de la propreté. Au fil du temps, et avec les connaissances sur le développement du jeune enfant qui s’affinent, nous préférons aujourd’hui parler « d’acquisition » de la propreté. En effet, il est plus adapté de parler « d’acquisition » car il s’agit, avant tout, d’un processus naturel qui va venir de l’enfant, quand il sera prêt, et non d’un apprentissage qui serait conditionné par l’adulte.

Pour « acquérir la propreté », l’’enfant doit tout d’abord être en capacité de contrôler ses sphincters. Les sphincters sont « des muscles internes qui contrôlent l’évacuation de l’urine et des selles, en fonction de leur état de contraction et de décontraction ». Il s’agit donc d’une acquisition motrice et celle-ci va être directement en lien avec la maturation neuromotrice et psychique de l’enfant : ce dernier doit être prêt à la fois dans son corps et dans sa tête.

Au niveau de la maturation neuromotrice, il est commun de dire que l’enfant ne sera pas en capacité de maîtriser ses sphincters tant qu’il ne sait pas monter et descendre les escaliers tout seul, en position debout. Cela peut donc être un premier repère, se situant aux alentours de 18 mois.

Il ne faut pas non plus oublier de prendre en compte l’aspect psychologique. En effet, d’un point de vue plus psychique, l’enfant peut avoir peur de perdre quelque chose de lui (urine, selle). Cela peut être angoissant pour un tout-petit, et notamment s’il n’a pas encore intégré son schéma corporel et qu’il perçoit son corps comme différents morceaux qui s’assemblent et non comme une unité. Cela nécessite donc un accompagnement bienveillant de l’adulte pour que, petit à petit, l’enfant accepte de se séparer d’une partie de lui-même, tout en gardant le contrôle de son corps.

L’âge moyen de l’acquisition de la propreté se situe aux environs de 2 ans et demi / 3 ans : nous devons alors laisser le temps nécessaire aux enfants et surtout leur faire confiance.

  • ACCOMPAGNER AU MIEUX L’ENFANT DANS L’ACQUISITION DE LA PROPRETÉ

Nous l’avons vu, il va déjà être primordial de respecter le rythme de l’enfant mais aussi de l’encourager, le soutenir dans cette acquisition.

Cette acquisition doit donc d’abord venir de l’enfant ! Les enfants peuvent par exemple verbaliser le désir de propreté (demander à enlever la couche…) ou encore ôter leur couche tout seul : ce sont des premiers signes à prendre en compte. Lorsque les couches sont sèches à plusieurs reprises, cela peut également être un signe que l’enfant est prêt.

Dans tous les cas, il sera important de respecter le choix de l’enfant : il peut choisir d’aller au pot ou sur les toilettes, d’y rester quelques secondes ou plus longtemps. Il peut aussi ne pas vouloir y aller à certains moments. Il ne doit donc pas y avoir « d’attendu » spécifique de la part des adultes ! Dans tous les cas, ces temps permettront à l’enfant de se familiariser avec l’objet et de ne pas appréhender d’y retourner.

À contrario, si une pression trop importante est mise sur l’enfant autour de la propreté, si l’adulte ne respecte pas son rythme, le risque est que ce dernier développe un sentiment d’échec, qu’il se sente dévalorisé s’il n’apporte pas ce que l’adulte attend de lui… Cela risque alors de produire l’effet inverse et de retarder l’acquisition de la propreté. Le risque est aussi que l’enfant développe certains troubles, comme la constipation par exemple.

L’accompagnement par les adultes passe aussi par la verbalisation auprès des enfants, autour du sujet de la propreté : ils doivent être à l’écoute de l’enfant et répondre à leurs différentes questions. On peut également lire des histoires à l’enfant autour de cette notion de propreté : cela permettra d’aborder cette thématique avec eux et pourra aussi participer à les rassurer.

     

Les jeux symboliques peuvent également permettre de mieux appréhender cette période d’acquisition de la propreté : on peut par exemple mettre des couches à disposition pour les poupons, acheter un petit pot pour les peluches… Tous les jeux de transvasements, avec l’idée de vider et remplir, sont également les bienvenus à cette période (jeux d’eau, sable…) ainsi que les jeux de manipulation (pâte à modeler…).

« Être propre » peut aussi signifier, pour l’enfant, la perte d’un moment privilégié avec l’adulte (le temps du change). Il va donc être de notre rôle de valoriser cette autonomisation de l’enfant et de lui trouver d’autres compensations, de lui accorder d’autres moments privilégiés. On peut par exemple proposer à l’enfant d’aller faire les magasins avec lui pour choisir de belles culottes à mettre à la place des couches…

Pour favoriser cette autonomisation, on privilégiera également de mettre des vêtements amples à l’enfant, facilitant le déshabillage en autonomie, pour qu’il n’ait pas besoin de solliciter l’adulte pour aller au pot.

Au début de l’acquisition de la propreté, l’enfant peut aussi avoir des petits « accidents », notamment lorsqu’il est pris dans son jeu. Cependant, s’il y a trop « d’accidents », cela peut aussi signifier que l’enfant n’est pas encore tout à fait prêt.

Dans tous les cas, il sera important de bien accueillir ces « accidents » et/ou même les « régressions » pour ne pas décourager l’enfant ! Il peut effectivement arriver qu’il y ait des périodes de régression au niveau de l’acquisition de la propreté chez certains enfants. Celles-ci sont souvent passagères : cela peut notamment être dû à des évènements qui ont lieu dans la vie de l’enfant et qui viennent le fragiliser émotionnellement (un déménagement, l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur…). Or, nous avons bien vu que le « psychique » occupait une place non négligeable dans cette acquisition !

 

  • ET À LA CRÈCHE ?

À la crèche, lorsque les enfants sont en cours d’acquisition de la propreté, on va notamment leur proposer d’aller régulièrement au pot ou au WC, à différents moments de la journée : avant les activités, avant le repas, avant la sieste… La règle d’or est toujours : on propose mais on n’impose jamais !

Cette proposition se fait également en concertation avec les parents. En effet, il est important de collaborer entre parents et professionnels autour de ces sujets pour qu’il y ait une certaine continuité pour l’enfant.

Ainsi, à partir du moment où l’enfant commence à aller au pot à la maison, on pourra alors également le lui proposer à la crèche, sauf si cela n’est pas du tout en adéquation avec sa phase de développement.

Au cours de ses premières années de vie, le tout-petit fait une multitude d’acquisition : il développe des capacités motrices, cognitives, langagières…

L’acquisition de la propreté va être une nouvelle grande étape pour lui, qu’il franchira lorsqu’il se sentira prêt. Il faudra alors lui laisser le temps pour exercer cette nouvelle capacité avant d’en avoir la maîtrise complète !

Delphine DESGARCEAUX – EJE – Coordinatrice Pédagogique Pim Pam Pomme

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