Le temps d’un repas à la crèche un moment de plaisir et de partage

13 mai 2020 | Pédagogie

Le temps du repas constitue un moment important au cours de la journée de l’enfant. Au delà de répondre à un besoin physiologique, le repas est aussi un moment d’échanges privilégiés, que ce soit entre les enfants ou avec l’adulte. C’est également un instant propice à la découverte de nouveaux goûts, de nouvelles textures… Tous les sens de l’enfant sont mis en éveil ! Il sera alors de notre rôle, en tant que professionnels petite enfance, de faire en sorte de réunir toutes les conditions nécessaires pour que ce temps du repas reste avant tout source de partage et de plaisir.

METTRE L’ACCENT SUR LA QUALITÉ DES REPAS PROPOSÉS

Le repas vient d’abord répondre aux besoins physiologiques du jeune enfant. La satisfaction de ce besoin constitue d’ailleurs déjà une première source de plaisir ! Les besoins nutritionnels seront à prendre en compte : il faudra veiller à ce que les menus soient équilibrés, variés, adaptés à l’âge des enfants et, aussi, respectueux des habitudes alimentaires acquises à la maison. La diversification alimentaire, avec l’introduction de nouveaux aliments, doit notamment se faire en étroite collaboration avec la famille.

À la crèche PIM PAM POMME, il nous semble important que les repas proposés soient qualitatifs, qu’ils soient goûtus, pleins de saveurs. C’est d’ailleurs avec cette volonté que nous avons fait le choix d’opter pour la préparation des repas sur place, par notre propre chef cuisinier, en privilégiant des produits frais, de saison et locaux.

Les repas doivent également être attrayant pour susciter l’envie de manger. L’odeur d’un gâteau au chocolat qui se dégage de la cuisine, la participation à un atelier cuisine pour préparer le goûter, une assiette colorée, une texture appétissante…rien de mieux pour éveiller nos papilles ! La présentation des plats joue un rôle important et, chez PIM PAM POMME, nos cuisiniers ne manquent pas d’imagination, pour le plus grand bonheur des enfants ! Le moment du repas devient alors un temps ludique où l’on découvre chaque jour la décoration de nouveaux plats. On peut alors choisir de commencer par manger le « nez » du bonhomme puis ses « cheveux »… Cela peut alors avoir un grand intérêt, notamment pour les enfants qui auraient des difficultés liées à l’alimentation.

PENSER LE CADRE ET L’AMBIANCE ENVIRONNANTE

L’ambiance qui règne autour des repas est importante à prendre en compte : c’est un sujet qu’il sera nécessaire d’aborder en équipe.

Être en collectivité peut parfois supposer un fond sonore élevé. Le repas est un moment où beaucoup d’enfants vont se retrouver pour aller manger : il pourrait donc devenir rapidement un moment désagréable pour tous, professionnels comme enfants, s’il n’a pas été pensé en amont. Diminuer le niveau sonore aura un réel impact sur le comportement des enfants mais aussi des adultes et permettra que le repas s’effectue dans un climat

plus serein, préservant ainsi la qualité des échanges. Il existe alors différentes pistes pour tenter notamment d’atténuer le bruit :

—> Au niveau organisationnel, nous pouvons faire le choix de mettre en place plusieurs services de repas pour permettre ainsi de constituer des petits groupes d’enfants lors de ce moment. Pour les bébés, nous pourrons également faire le choix de nous isoler un peu, pour donner un biberon par exemple, et ainsi avoir la possibilité de s’éloigner des bruits de la pièce de vie.

—> Au niveau matériel, il existe des tables avec un revêtement spécifique permettant d’atténuer le bruit des couverts et on peut également choisir de mettre des caoutchoucs sur les pieds de la table par exemple.

L’installation des enfants et des adultes est également à penser : chacun doit être confortablement installé pour profiter pleinement de ce moment ensemble ! Il faudra choisir des chaises à la bonne hauteur pour l’enfant,  suffisamment sécurisante pour les plus petits, mais aussi sélectionner une assise pour les adultes qui puisse être à la fois confortable, même à hauteur d’enfants, et aussi permettre de se mouvoir facilement autour de la table. Pour donner un biberon, il faudra également trouver un endroit bien adapté, agréable, où l’on se sentira bien installé. Il sera alors nécessaire de recueillir l’avis des équipes pour connaître leurs préférences et aussi veiller à ce que le matériel proposé permette d’adopter une bonne posture ergonomique.

Exemples :

La crèche PIM PAM POMME a également fait le choix d’opter pour des tables rondes lors du repas, dans l’objectif de favoriser les échanges entre les enfants. Nous l’avons vu, le choix du matériel a une importance non négligeable lors du moment du repas !

Enfin, pour préserver une fois de plus le moment du repas, il est primordial qu’un cadre soit établi, notamment concernant les temps d’accueil des enfants. En effet, il n’apparaît pas judicieux d’effectuer des départs ou des arrivées d’enfants à cet instant-là : cela viendrait à la fois empiéter sur la qualité du temps du repas mais aussi sur la qualité de l’accueil de l’enfant et de sa famille, dans un moment pas du tout opportun où l’adulte ne peut être complètement disponible. Il faut alors que ces temps d’accueils soient encadrés et notifiés dans le règlement de fonctionnement de la structure et qu’ils ne puissent pas se dérouler sur les temps de repas, qu’il s’agisse du repas du midi ou même du goûter.

L’ACCOMPAGNEMENT BIENVEILLANT DE L’ADULTE

L’attitude de l’adulte au cours des repas est importante : si l’adulte montre un certain engouement pour le plat du jour, cela donnera d’autant plus à l’enfant l’envie de le goûter. Si, inversement, l’adulte exprime une certaine réticence, cela risquerait de produire l’effet inverse et le plat risquerait de ne pas avoir un franc succès auprès des jeunes enfants  !

L’adulte doit garder une attitude bienveillante vis à vis de l’enfant lors du repas : il doit respecter ses goûts, son appétit, son rythme. Nous les inciterons à goûter mais, en aucun cas, nous les forcerons. De la même manière, un enfant qui ne mange pas son plat ne sera pas pour autant privé du dessert. En effet, cela n’est pas recommandé ni d’un point de vue nutritionnel, ni d’un point de vue comportemental. Forcer un enfant à finir son assiette va être contre-productif : l’enfant va alors apprendre à ne plus faire confiance à ses sensations de satiété, qu’il maîtrise pourtant très bien dès le plus jeune âge. Un bébé allaité, lorsqu’il est repu, cesse de téter et reprendra au moment où la faim se manifeste de nouveau. De la même manière, forcer un enfant à manger un aliment risque de conditionner négativement, de manière durable, l’appréciation qu’il en fera alors qu’au contraire, c’est parfois en lui présentant plusieurs fois un aliment qu’il n’a pas aimé (des études évoquent entre 8 et 10 fois) qu’il pourra se familiariser avec lui et finir par l’accepter, sans réticence. Si nous ne respectons pas ces principes, le repas ne sera plus vu par l’enfant comme un moment de plaisir et ira alors à l’encontre de nos objectifs.

Il est également important que les adultes restent entièrement disponibles pour les enfants lors de ce moment clef du quotidien, qu’ils ne soient pas préoccupés par des contraintes organisationnelles,  qu’ils évitent de se lever de manière régulière alors que l’on demande parallèlement aux enfants de rester assis… Pour atteindre cet objectif, de nombreuses crèches font alors le choix de désigner une personne « volante » sur le temps du repas qui assure ainsi la gestion des plats, le service de chaque plat sur les tables… pour permettre à un adulte de rester toujours présent pour son groupe d’enfants, depuis le début du repas jusqu’à la fin, assurant ainsi une certaine continuité auprès des jeunes enfants.

Être disponible pour les enfants suppose également de remettre les conversations entre adultes à plus tard, sur un temps de pause par exemple : cela est essentiel pour que le repas reste un véritable moment de partage où le contact se veut chaleureux et où l’on pourra prendre le temps d’échanger ensemble, avec les enfants.

Pour les bébés, les repas sont proposés de manière individualisés offrant ainsi un temps très privilégié entre l’adulte et l’enfant. L’adulte doit se montrer très attentif aux signes non verbaux, observateur, pour pouvoir repérer les signes de faim du bébé  et ainsi répondre à ses besoins de manière adaptée.

ENCOURAGER L’AUTONOMIE DES ENFANTS

Le repas peut aussi être un moment propice au développement de l’autonomie de l’enfant où chacun pourra participer à la hauteur de ses compétences : on peut proposer aux enfants de se servir seul, d’éplucher leurs fruits, de débarrasser leurs cuillères, de se débarbouiller après le repas à l’aide d’un gant… Pour les plus petits, on pourra leur proposer une deuxième cuillère, selon leurs capacités, et leur laisser ainsi la liberté d’expérimenter, de faire des tentatives ! L’adulte est là pour encourager l’enfant dans ses initiatives, le valoriser et l’enfant, lui, prend grand plaisir à être acteur lors de ce temps !

Il ne faut pas oublier que les jeunes enfants vont aussi découvrir avec leurs mains, manipuler la nourriture : le repas est aussi un temps d’expérimentation ! Petit à petit, ils apprendront à manger plus « proprement », avec leurs couverts mais cela demande un peu de temps et surtout de pratique. Manger, pour nous adultes, représente un acte usuel de la vie quotidienne mais pour les touts-petits, cela est bien plus complexe que ça et demande une certaine maîtrise : remplir la cuillère, la porter jusqu’à sa bouche sans en renverser… Faisons donc preuve de de patience !

Le temps du repas, à la crèche, est un moment précieux du quotidien que nous devons prendre soin de réfléchir en équipe pour que les jeunes enfants puissent bénéficier de toutes ses vertus ! Certaines structures petite enfance optent pour la mise en place d’un self-service pour les enfants, où ces derniers vont 

mettre les aliments sur leurs plateaux ; d’autres vont choisir que les enfants aient la liberté de commencer le repas par le plat,  avant l’entrée… Les possibilités sont nombreuses : il faut juste que le cadre soit suffisamment explicite, intégré par tous pour garantir une cohésion des pratiques professionnelles et ainsi mettre en place un climat sécurisant pour le jeune enfant, permettant au repas de se dérouler dans les meilleures conditions possibles.

Delphine DESGARCEAUX – EJE – Coordinatrice Pédagogique Pim Pam Pomme

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