La période dite « d’opposition » chez le jeune enfant

28 novembre 2019 | Pédagogie

Entre 18 mois et 3 ans, de nombreux enfants traversent une phase dite « d’opposition ». Il s’agit d’une période où l’enfant va chercher à s’affirmer. Nous l’observons souvent à travers ses comportements, ses attitudes : l’enfant va avoir tendance à refuser systématiquement ce qu’on lui propose et cela peut parfois s’accompagner de cris, de colères importantes… En tant qu’adulte, cette période n’est pas toujours facile à gérer mais il s’agit pourtant d’une étape importante dans le développement de l’enfant. En effet, en cherchant à s’affirmer, l’enfant fait un premier pas vers l’autonomie et vers la construction de sa personnalité !

EN ROUTE VERS L’AUTONOMIE
Aux alentours de deux ans, le jeune enfant développe de nombreuses capacités tant sur le plan moteur que sur le plan psychique, ce qui lui permet notamment de gagner en autonomie. En effet, la marche, le langage, la propreté… sont autant d’acquisitions qui participent à offrir de nouvelles possibilités à l’enfant.
A  cet âge, l’enfant va avoir besoin d’expérimenter, de découvrir le monde et de faire les choses « tout  seul ». Il développe ses propres pensées et apprend petit à petit à exprimer ses sentiments.
Dire « NON » devient alors une manière pour lui d’évoquer ses désirs et de prendre conscience de sa propre identité. L’enfant cherche à se construire et se retrouve pris dans un conflit interne : il souhaite devenir autonome mais reste dépendant de l’adulte, ce qui n’est pas toujours facile à accepter !
Lors de cette période du « non », l’objectif premier de l’enfant n’est pas d’entrer en opposition à l’adulte. C’est, en réalité, un moyen pour l’enfant de manifester sa différence avec ses parents et ainsi de se sentir reconnu comme un individu à part entière.
Cela fait donc partie d’un processus d’autonomisation ; c’est pourquoi il nous apparaît plus exact de parler de phase « d’affirmation de soi » plutôt que « d’opposition ».
C’est en saisissant tous les enjeux de cette période que l’adulte pourra mieux comprendre ce que l’enfant vit, ce qui lui permettra alors d’ajuster son action éducative afin d’accompagner le tout-petit avec bienveillance, en cherchant à répondre au mieux à ses besoins.

ACCOMPAGNER L’ENFANT DANS LA PHASE D’AFFIRMATION DE SOI

Chaque enfant est unique ; c’est pourquoi cette phase ne se manifestera pas de la même manière chez tous les enfants, ni avec la même intensité, ni sur une durée équivalente. L’adulte va avoir un rôle majeur à jouer pour aider le jeune enfant à se construire et à réussir à traverser, dépasser cette période du « non ».

Accueillir les émotions de l’enfant

S’affirmer n’est pas toujours simple pour le tout-petit. Ses émotions peuvent parfois le submerger et l’adulte doit alors être en capacité de les accueillir avec respect, en mettant des mots, en le rassurant…

Lors de cette phase d’affirmation, l’enfant se confronte aussi à la frustration mais pourra, au fil de ses expériences, grâce à l’accompagnement bienveillant de l’adulte, apprendre à mieux la gérer et mieux contrôler ses émotions.

En cherchant à comprendre ce que l’enfant peut ressentir, en cherchant à identifier ses besoins, l’adulte participe à lui donner une place à part entière et va alors l’encourager à s’exprimer.

Lui offrir des choix, d’autres possibilités

Afin d’éviter d’entrer dans un rapport de force avec le jeune enfant, nous pouvons lui offrir la possibilité de faire des choix pour lui-même. Cela pourra alors contribuer à prévenir de potentiels conflits. Par exemple, si nous avons prévu d’aller dehors, nous pouvons lui laisser libre de choisir s’il enfilera son pull rouge ou plutôt son gilet bleu. Nous pouvons également lui demander s’il préfère son doudou lapin ou son tissu blanc pour aller se reposer à la sieste. Ici, nous sommes vigilants à laisser une certaine souplesse à l’enfant pour qu’il reste acteur, tout en conservant le cadre.

Nous pouvons parfois également détourner son attention et lui faire de nouvelles propositions, sous une forme plus ludique. Si l’enfant ne souhaite pas mettre son manteau, nous pouvons par exemple le lui proposer sous forme de jeux : «  attention, j’attrape ta main… ». Cela est souvent très apprécié des tout-petits et permettra de garder une ambiance sereine autour d’un moment qui aurait pu s’annoncer délicat.

Valoriser l’enfant, l’encourager

Nous l’avons vu, la période du « non » correspond à un besoin de s’autonomiser. En donnant des responsabilités à l’enfant, en lui confiant des missions à sa portée, nous pouvons ici apporter une réponse à son besoin. Participer à distribuer les verres à ses copains ou encore lui proposer de nous aider à mettre la table sont autant de petites actions que l’on peut proposer à l’enfant au quotidien. Il sera alors important de bien veiller à féliciter l’enfant qui a réussi la mission qui lui a été confiée.

En effet, en le responsabilisant, en valorisant ses initiatives, en l’encourageant, nous aidons l’enfant à développer son estime de soi et ainsi à construire sa personnalité de demain.

Garantir à l’enfant un cadre sécurisant

Dans cette phase d’affirmation, l’enfant va souvent avoir besoin de tester jusqu’où peut aller son autonomie. Il est alors primordial que l’adulte puisse poser et garantir le cadre à l’enfant : cela va participer à le rassurer, à le sécuriser. En effet, l’enfant a besoin d’un cadre avec des limites claires pour bien grandir et pour l’aider à mieux trouver sa place parmi les autres.    Lors de cette période d’affirmation, certains comportements de l’enfant ne seront pas acceptables. L’adulte doit bien évidemment le signaler à l’enfant et lui en expliquer les raisons. Il faudra cependant être toujours vigilant à bien distinguer le comportement de l’enfant à ce moment donné de l’enfant en tant que tel : ce n’est pas l’enfant qui est « méchant » mais c’est l’acte qu’il vient de faire qui est interdit. L’enfant doit toujours être rassuré sur l’affection qu’on lui porte.

« L’enfant, au cours de la phase d’affirmation de soi, prend conscience de son identité et de l’impact de ses réactions sur le monde qui l’entoure. Cette étape clef, indispensable à sa construction, nécessitera de la part de l’adulte une attention toute particulière pour garantir au jeune enfant un développement harmonieux et respectueux de sa personne. »

Delphine DESGARCEAUX – EJE – Coordinatrice Pédagogique Pim Pam Pomme

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